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Les États se font-ils encore la guerre ?

Faculté et recherche

Publicado em Maio 14, 2024

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Chaque mois, Frédéric Munier, directeur de l’École de géopolitique de SKEMA Business School publie une chronique dans le magazine Pour l’Éco. Il se demande cette fois si les États sont encore les principaux acteurs de la guerre. À l’heure de l’agression russe en Ukraine, la question peut sembler triviale. Et pourtant, la nature des belligérants a radicalement évolué. Parce que la guerre a changé de nature.

Depuis février 2022, le conflit en Ukraine occupe chaque jour les médias. Les images de soldats, de tirs de roquettes, de combats au front, confortent l’idée que nous nous faisons de la guerre : une lutte entre nations rivales « dont l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter [sa] volonté » (Clausewitz). Mais les événements d’Ukraine nous cachent une mutation profonde.

Monopole régalien, la guerre a pu être décrite comme « la continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz toujours). Or, les guerres interétatiques ont presque entièrement disparu ! En 2022, par exemple, sur 182 conflits répertoriés dans le monde, seuls trois ont opposé des États : l’Arabie saoudite au Yémen, l’Arménie à l’Azerbaïdjan et, bien entendu, la Russie à l’Ukraine. Les presque 180 conflits restants ont opposé soit un État à des groupes armés intérieurs ou étrangers, soit des groupes armés entre eux, soit, enfin, des groupes armés et des populations civiles. En d’autres termes, les acteurs principaux de la guerre aujourd’hui sont privés. Que s’est-il passé ?

La guerre, changement d’état

Dans son ouvrage Nouvelles Guerres, rédigé avec Dominique Vidal, le politologue Bertrand Badie apporte une réponse en soulignant un paradoxe saisissant : les guerres, qui étaient auparavant l’expression de la puissance d’un État – que l’on songe à l’Allemagne durant les deux conflits mondiaux – proviennent aujourd’hui de sa décomposition.[...]

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